Faire vivre l'humain au cœur de l'économie.


Bienvenue sur le blog de Finance for Entrepreneurs. Voici notre traduction de « finance for entrepreneurs » : mettre la finance au service des entrepreneurs ! Pourquoi ce projet ? Pour faire vivre l’humain au cœur de l’économie. Comment ? Suivant l’adage « Pour changer l’économie, changez les outils de mesure de l’économie », nous proposons 12 indicateurs d’évaluation et de dynamisation du capital-dirigeants (capital-humain). Ils permettent à nos adhérents certifiés d'animer des formations.


Finance for Entrepreneurs est un groupe de recherche, une communauté réelle. Notre intérêt commun ? La dimension humaine de l'entrepreneuriat et du capital-investissement. Depuis 2008, nous nous sommes constitués en association à but non lucratif, indépendante et autofinancée. Précurseurs en psychologie entrepreneuriale, nous sommes membres de l'Observatoire de l'immatériel.

mardi 8 février 2011

La 2ème chance des entrepreneurs : décalage entre discours et réalité

Je voudrais ici revenir sur l’importance de la 2ème chance au travers d’une anecdote. Rappel des faits :

  • En octobre 2004, l’entreprise Visual Friendly SA, que j’ai co-fondée près de cinq ans plus tôt avec trois associés, est placée à ma demande en liquidation judiciaire.
  • En novembre 2005, je rebondis en démarrant une activité libérale et ouvre un compte à l’agence Duroc BNP Paribas dans le 7ème arrondissement de Paris.
  • En juillet 2007, je fais suivre ce compte à l’agence Commerce à la suite de mon déménagement.
  • En octobre, je m’associe en vue de créer la SARL Easylife conseil. Mon associée et moi décidons d’ouvrir un compte à l’agence Commerce BNP Paribas.
  • Deux mois après avoir effectué les démarches d’ouverture du compte et après plusieurs relances, nous manifestons vivement notre étonnement de ne pas avoir encore le compte de la SARL à disposition (dans cette attente, nous fonctionnions avec mon compte libéral).
Après un silence inacceptable de la part de notre interlocutrice principale, la directrice de l’agence m’apprend que nous ne pourrons pas ouvrir de compte. Ses propos : « Ce cafouillage n’aurait jamais dû arriver. La politique interne de BNP Paribas ne permet pas d’ouvrir un compte professionnel à des personnes ayant connu une liquidation judiciaire ». Ironie du sort : le financeur / annonceur du Programme court « Les entrepreneurs » est BNP Paribas. Comble de l’ironie, l’agence Commerce est située non loin de la rue des entrepreneurs. Ce qui est regrettable dans cette histoire :
  • Aucune vérification de cette agence bancaire pour connaître l’état des comptes de nos précédentes entreprises et aucune vérification auprès de la banque de France : nos interlocuteurs auraient vu que nous sommes classés risque 0 à la banque de France et que les liquidations de nos entreprises sont « propres ».
  • Un manque de franchise et de capacité à indiquer la politique de la banque : attitude d’autant plus inacceptable que la banque n’éprouvait a contrario aucune difficulté pour recevoir depuis deux ans l’argent de mes clients en libéral.
  • Au-delà du cafouillage invraisemblable qui relève plus de la compétence de certaines personnes que de celle d’un réseau d’agences, l’élément le plus grave concerne la politique générale énoncée de refus d’ouverture d’un compte à toute personne ayant connu une liquidation.
Cette anecdote est révélatrice de la perception du risque dans notre pays, de l’acceptation de l’échec, du droit à apprendre et recommencer. Créer et développer son entreprise, c’est aussi rencontrer des difficultés et des moments de découragement, commettre des erreurs, connaître des périodes d’insuccès… Bref, se confronter à tout ce qui au final doit nous renforcer et nous permettre d’avancer plus efficacement par la suite. L’idée générale selon laquelle on apprend plus de ses erreurs que de ses réussites a encore du chemin à parcourir.

Pour résumer cette pensée lors de la projection du Programme court à Bercy, en présence notamment de certains dirigeants de BNP Paribas, j’ai évoqué le parallèle entre Roland Garros (sponsorisé par cette banque) et la création d’entreprise : « Lorsqu’une banque refuse l’ouverture d’un compte à un entrepreneur qui a liquidé une entreprise, c’est comme si vous refusiez à un joueur de participer à Roland Garros sous prétexte qu’il a perdu un match avant le tournoi ».

Souvenir en guise de clin d’œil final : lorsque j’étais étudiant, Michel Pébereau - président du CA de BNP Paribas - nous enseignait à Sciences-Po certaines théories dont le concept de « destruction créatrice » de Schumpeter : « Les mutations des structures économiques générées par le progrès technique se traduisent par un mouvement simultané de création d’activités nouvelles et de destruction d’activités dépassées ». Je dirai donc simplement que la création et la fermeture d’entreprises font partie des incontournables de la vie des entreprises. Notre économie gagnerait sans doute à accepter cette idée en accordant plus aisément la 2ème chance aux entrepreneurs.

Jérôme Adam

dimanche 6 février 2011

Dominique Restino King Of Paris

Avis ! La Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) héberge un nouveau leader en puissance. N'en déplaise à ceux qui pense que ce machin est bon à rien, Dominique Restino réserve une surprise de taille. Cet homme est un bulldozer au service des entrepreneurs de France. Un caractère fort mais pas caractériel, comme dirait Robert Papin ?

Sa célébration annuelle de l'Institut du mentorat entrepreneurial était une réussite. Des top managers au service de dirigeants de PME à fort potentiel, ayant vocation à entrer dans le club - select malgré lui - des ETI (entreprises de taille intermédiaire) : le talon d'achille de l'économie française parraît-il.

Mais il y a un mystère : comment M. Restino fait-il pour décider qui est à fort potentiel et qui ne l'est pas :-) Je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu le process... Certes Dominique Restino est un doer (faiseur). Je suppose qu'il déteste l'idée qu'en France il y a dix personnes qui commentent pour une qui rame... et que l'écosystème autour des entrepreneurs en est la caricature. Pourtant.

Pourtant les capital-investisseurs eux-mêmes (pas vraiment des poètes) affirment que la dimension humaine fait l'essentiel de la réussite d'un projet ! A quand un peu d'expertise d'évaluation et d'accompagnement humain pour les hommes et les femmes qui dirigent nos entreprises ?

Les intervenants lors de cette manifestation nous ont chanté en coeur le refrain convenu de "L'Asie va nous bouffer tout cru". Et bien en Chine justement, il y a un dicton managérial qui dit : "le poisson pourrit par la tête". Alors, à quand un peu de professionnalisation dans la sélection des entrepreneurs sur lesquels nous souhaitons faire porter nos efforts ? L'idée n'est pas de se substituer au flair de personnes expérimentées comme vous, Monsieur Restino, mais de vous aider à structurer vos intuitions et de les croiser avec d'autres approches. Bref, de valoriser la complémentarité vs. la compétition pour construire ensemble un entrepreneuriat humaniste et performant. Comme on l'aime chez nous. Mieux comprendre pour (enfin) mieux accompagner.

Entreprendre autrement - Chaire Handicap de l'Université Lyon 2

(Ma réponse à l'invitation de Charles Gardou et Jennifer Fournier à co-fonder la Chaire Handicap de l'Université Lumière Lyon 2)

Bonjour,

Votre projet me fait très envie à plusieurs niveaux.

- L'axe de la formation initiale et continue : L'(auto)entrepreneuriat autrement, Se mettre debout dans sa vie professionnelle grâce à son atypicité, L'individu entreprenant est porteur d'un projet, sa trajectoire de vie croise le projet,...

Les quelques entrepreneurs que j'ai évalués et/ou accompagnés, porteurs d'un handicap social ou physique, souffrent il me semble d'un même mécanisme auto-bloquant dans leur développement : des représentations de soi trop limitatives (complexe d'infériorité). Notre travail vise à convertir leur regard sur eux-mêmes. C'est vrai chez beaucoup. Criant chez eux. Nous pouvons donc aussi apprendre énormément d'eux (pôle de la recherche).

J'anime avec bonheur (et avec Maud Louvrier-Clerc, responsable de la recherche de Finance for Entrepreneurs) un cursus au sein d'un Master Spécialisé Entrepreneuriat (Management Institute of Paris) qui aurait sa place il me semble (sous une forme ou une autre) au sein de la Chaire Handicap : la pédagogie est centrée sur la redéfinition de ce qu'est la dynamique entrepreneurial personnelle et son auto-évaluation chez les participants (Tous entreprenants !) : c'est tout l'écosystème autour des personnes handicapées qui doit évoluer. (Notre approche a aussi été retenue pas le Réseau Entreprendre pour le process de détection de porteurs de projets de l'Avise et par plusieurs fonds d'investissement pour l'audit de dirigeants.)

- Le pôle de la recherche. Comme le suggère le thème de la session de novembre de notre séminaire sur la dimension humaine en capital-investissement (financement d'entrepreneurs) nous devons aller plus loin. Une personne handicapée qui se met debout dans sa vie professionnelle met en oeuvre de façon spectaculaire des mécanismes utiles à tous :

Le succès de l’entrepreneur atypique : un laboratoire pour l'atténuation du risque ?
L’entrepreneur atypique fait face à des risques communs à tous les entrepreneurs,
mais son parcours singulier le prépare-t-il à les surmonter plus vite ?
Que peut nous enseigner cet effet de loupe ?

Les étudiants se passionnent pour cette nouvelle approche du handicap et de l'(auto)entrepreneuriat ! Je serais heureux les encourager et de les accompagner dans ces recherches (thèses).

- L’axe de la sensibilisation et de l’information. Finance for Entrepreneurs n'a pas (encore) d'argent mais beaucoup d'idées. Notre écosystème de recherche, animé par des bénévoles (entrepreneurs, investisseurs et consultants), déborde de talents et d'imagination !... Jetez un oeil sur la campagne multimédia qu'a lancée Jérôme Adam, membre de l'équipe, pour faire évoluer les mentalités... http://www.jencroispasmesyeux.com/

Merci pour votre intérêt. A bientôt j'espère.

Matthieu Langeard