Je voudrais ici revenir sur l’importance de la 2ème chance au travers d’une anecdote. Rappel des faits :
- En octobre 2004, l’entreprise Visual Friendly SA, que j’ai co-fondée près de cinq ans plus tôt avec trois associés, est placée à ma demande en liquidation judiciaire.
- En novembre 2005, je rebondis en démarrant une activité libérale et ouvre un compte à l’agence Duroc BNP Paribas dans le 7ème arrondissement de Paris.
- En juillet 2007, je fais suivre ce compte à l’agence Commerce à la suite de mon déménagement.
- En octobre, je m’associe en vue de créer la SARL Easylife conseil. Mon associée et moi décidons d’ouvrir un compte à l’agence Commerce BNP Paribas.
- Deux mois après avoir effectué les démarches d’ouverture du compte et après plusieurs relances, nous manifestons vivement notre étonnement de ne pas avoir encore le compte de la SARL à disposition (dans cette attente, nous fonctionnions avec mon compte libéral).
- Aucune vérification de cette agence bancaire pour connaître l’état des comptes de nos précédentes entreprises et aucune vérification auprès de la banque de France : nos interlocuteurs auraient vu que nous sommes classés risque 0 à la banque de France et que les liquidations de nos entreprises sont « propres ».
- Un manque de franchise et de capacité à indiquer la politique de la banque : attitude d’autant plus inacceptable que la banque n’éprouvait a contrario aucune difficulté pour recevoir depuis deux ans l’argent de mes clients en libéral.
- Au-delà du cafouillage invraisemblable qui relève plus de la compétence de certaines personnes que de celle d’un réseau d’agences, l’élément le plus grave concerne la politique générale énoncée de refus d’ouverture d’un compte à toute personne ayant connu une liquidation.
Pour résumer cette pensée lors de la projection du Programme court à Bercy, en présence notamment de certains dirigeants de BNP Paribas, j’ai évoqué le parallèle entre Roland Garros (sponsorisé par cette banque) et la création d’entreprise : « Lorsqu’une banque refuse l’ouverture d’un compte à un entrepreneur qui a liquidé une entreprise, c’est comme si vous refusiez à un joueur de participer à Roland Garros sous prétexte qu’il a perdu un match avant le tournoi ».
Souvenir en guise de clin d’œil final : lorsque j’étais étudiant, Michel Pébereau - président du CA de BNP Paribas - nous enseignait à Sciences-Po certaines théories dont le concept de « destruction créatrice » de Schumpeter : « Les mutations des structures économiques générées par le progrès technique se traduisent par un mouvement simultané de création d’activités nouvelles et de destruction d’activités dépassées ». Je dirai donc simplement que la création et la fermeture d’entreprises font partie des incontournables de la vie des entreprises. Notre économie gagnerait sans doute à accepter cette idée en accordant plus aisément la 2ème chance aux entrepreneurs.
Jérôme Adam
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